La vocation au sacerdoce, à la vie consacrée et à la vie catéchétique constitue un don divin spécial.

Publié le par Abbé Martin OUEDRAOGO

Abbé Jean Charles SOME

Abbé Jean Charles SOME

Homélie du 4e Dimanche de Pâques, Année B

Dimanche du Bon Pasteur

(Grand Séminaire St Jean-Baptiste, 25 avril 2021)

Frères et sœurs, comme chaque année, au quatrième dimanche de Pâques, l’Eglise nous fait écouter l’évangile du Bon Pasteur, en célébrant le dimanche dit du Bon pasteur.  A cette occasion, l’Eglise nous invite à prier pour les vocations au sacerdoce,  à la vie consacrée et à la vie catéchétique. Cet appel à la prière pour les vocations nous vient du Seigneur Jésus lui-même, en Matthieu 9, 38 : « Priez donc le Maître de la moisson, afin qu’il envoie des ouvriers à sa moisson ! ». La vocation au sacerdoce, à la vie consacrée et à la vie catéchétique constitue un don divin spécial qui s’insère dans le vaste projet d’amour et de salut que Dieu a sur chaque homme personnellement et sur l’humanité entière (Benoit XVI). Oui, Dieu notre Père choisit certains d’entre les hommes afin qu’ils suivent son Fils Jésus Christ de plus près et soient ses ministres et ses témoins privilégiés (Benoit XVI). Dieu ne choisit pas des parfaits ou des surhommes. Il appelle au cœur de la communauté chrétienne des gens disponibles pour les configurer de façon spéciale à son Fils Jésus Christ. Celui qui répond, avec confiance à cette onction d’amour de Dieu, se met ainsi au service de ses frères et sœurs pour leur permettre de vivre pleinement leur vocation baptismale qui est de garder les yeux fixés sur le visage du Christ.

Ainsi, les prêtres, dans l’Eglise et pour l’Eglise, représentent sacramentellement Jésus-Christ Tête et Pasteur ; ils proclament authentiquement la Parole ; ils répètent les gestes de pardon et d’offre du Salut de Jésus, surtout par le Baptême, la Pénitence et l’Eucharistie. Ils exercent sa sollicitude pleine d’amour pour le troupeau qu’ils rassemblent dans l’unité et le conduisent au Père, par le Christ, dans l’Esprit. Par le sacerdoce ministériel, les prêtres ont reçu du Christ, par l’Esprit Saint, un don spécifique afin de pouvoir aider le peuple de Dieu à exercer fidèlement et pleinement le sacerdoce commun qui lui est conféré. (Pastores Dabo Vobiss 15 et 17).

Quand à la Vie Consacrée, profondément enracinée dans l’exemple et dans l’enseignement du Christ Seigneur, elle est un don de Dieu le Père à son Église par l’Esprit. Grâce à la profession des conseils évangéliques, les traits caractéristiques de Jésus — chaste, pauvre et obéissant — deviennent « visibles » au milieu du monde de manière exemplaire et permanente et le regard des fidèles est appelé à revenir vers le mystère du Royaume de Dieu, qui agit déjà dans l’histoire, mais qui attend de prendre sa pleine dimension dans les cieux. (Vita Consecrata N°1 – Jean Paul II).

Frères et sœurs, si les chrétiens du monde entier sont aujourd’hui invités de façon particulière à prier pour les « vocations », il ne s’agit plus uniquement, comme jadis, de prier de façon restreinte pour les vocations sacerdotales et religieuses. Nous prions aussi pour l’ensemble du peuple de Dieu et en particulier pour les familles chrétiennes, milieux incontournables d’où sortent les vocations. C’est tous ensemble que nous sommes enfants de Dieu et appelés à ressembler à notre Père comme nous l’apprend Saint Jean dans la deuxième lecture. En ce dimanche de prière pour les vocations, nous sommes donc tous et chacun interpellés : Qu’as-tu fait de ton baptême ? Qu’as-tu fait de ton mariage ? Qu’as-tu fait de tes responsabilités et engagements chrétiens ? Qu’as-tu fait de ton sacerdoce et de ta consécration religieuse ? …Toi mon frère, toi ma sœur, es-tu disposé(e) à répondre à un appel particulier, plus radical, de ce Christ qui te murmure: « Viens et suis-moi » ?… Quel engagement es-tu prêt(e) à prendre au service de l’Eglise et du monde ? Il y a tant de tâches à remplir, de responsabilités, de missions à assumer, de témoignages à rendre… Ne crains pas, mon frère, ne crains pas ma sœur, montre toi disposé et généreux / montre-toi disposée et généreuse à l’appel du Maître de la moisson.

Jésus nous dit qu’il est le Bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Est-ce que cette réalité du don que Jésus fait de lui-même nous rejoint personnellement? Est-ce que nous mesurons à quel point Dieu nous aime et veut nous avoir avec lui, tout près de lui?

Quand Jésus nous dit que ses brebis entendent sa voix et le reconnaissent, est-ce que nous mesurons bien la portée de ces paroles? Frères et sœurs,  un des défis de notre époque est que nous entendons des voix qui viennent de toutes parts et ces voix trouvent très souvent écho dans notre intérieur ; elles nous séduisent même ! Parmi tant de voix prometteuses de bonheur sans labeur, est-ce que moi chrétien je cherche à reconnaitre la voix de mon Maître le Christ? Parmi les voix sans nombre qui prétendent aujourd’hui conduire l’homme au salut, est-ce que moi chrétien je cherche à reconnaitre la voix de mon Berger, le seul capable de donner le salut?  Suis-je toujours une brebis qui jamais ne suit un étranger et qui n’écoute pas les voleurs et les bandits, ou suis-je une brebis qui ignore son Berger et toujours prête à partir avec n’importe qui ? Dans le brouhaha de notre monde, frères et sœurs, est-ce que nous cherchons à entendre cette voix douce et confiante du Christ quand nous sommes confrontés à des épreuves ou lorsqu‘il nous faut prendre des décisions importantes, ou tout simplement quand la vie éclate en bonheurs de toutes sortes autour de nous? Devant les situations qui se présentent à nous, Jésus est-il le confident de nos nuits, de nos peines, de nos réussites et de nos joies? Mon frère, ma sœur, quelle voix écoutes-tu dans ta vie? Et quand tu entends une voix, reconnais-tu Jésus ton Sauveur en elle?

Ce qui est extraordinaire dans la façon dont Jésus décrit l’intimité qu’il vit avec ses brebis, c’est que celles-ci le connaissent elles aussi. Elles reconnaissent et écoutent sa voix, elles sont dociles à son appel. Elles se tiennent toujours près de lui, et lui les prend sur son cœur, tellement elles lui sont chères, et il veille sur elles et les protège. Il y a bien là une connaissance mutuelle forte qui est établie entre le pasteur et ses brebis. De fait, les verbes « γινώσκω » (connaitre) et « ἀγαπάω » (aimer) sont très proches : en effet, quand les brebis écoutent leur berger, elles apprennent à le connaitre et à le suivre, et plus elles le connaissent, plus elles l’aiment, car Jésus est infiniment aimable. Ainsi, le regard de connaissance que Jésus-le-bon-berger porte sur ses brebis est un regard aimant, un regard protecteur, un regard personnel. Cette connaissance réciproque entre Jésus et ses brebis est fondée sur cette intimité qui unit Jésus à son Père : « Qui m’a vu a vu le Père », dit Jésus. Frères et sœurs, c’est dans cette même intimité que le Seigneur nous entraîne quand nous mettons notre foi en lui. Il nous donne de le connaître ainsi que son Père qui est le nôtre.

Par ailleurs, les paroles de Jésus aujourd’hui sont l’occasion pour nous de réfléchir à cette bergerie que nous sommes appelés à former avec lui, et qui s’appelle « Église ». Je suis chrétien ou je suis chrétienne, c’est bien; mais quel est mon rapport existentiel  avec l’Église? Ma foi dans l’Église a-t-elle des œuvres? Porte-t-elle du fruit? Quel est mon degré d’appartenance à l’Église? Jésus définit bien son rapport à nous comme celui du berger avec ses brebis et veut nous rassembler en une seule bergerie; cette bergerie, c’est l’Église, qui est à la fois sainte et imparfaite. Et à propos de l’Église imparfaite, le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, dans son livre intitulé Qui a besoin de Dieu, avait écrit : « C’est une grande chance pour moi que l’Église soit imparfaite parce que j’y ai ainsi ma place. »

Frères et sœurs, qui de nous est parfait? Le Seigneur nous appelle tous dans sa bergerie. Il n’exclut personne.

En ce dimanche où l’Eglise célèbre la journée mondiale de prière pour les vocations, prions plus intensément le Seigneur pour que des jeunes et des adultes discernent un appel plus spécifique à donner leur vie pour Dieu et pour  l’Eglise ; et qu’ils trouvent sur leur chemin des laïcs, des religieuses, des religieux, des diacres et des prêtres qui seront à l’écoute de leur questionnement et les accompagneront dans leur discernement vocationnel !

Empruntant les mots du pape émérite Benoit XVI, je voudrais dire aux jeunes : n‘ayez pas peur de dire oui aux appels du Seigneur, lorsqu’Il vous invite à marcher à sa suite. Répondez généreusement au Seigneur ! Lui seul peut combler les aspirations les plus profondes de votre cœur. Dans le silence de la prière, que Marie soit votre confidente. Que Marie aide ceux et celles qui sont appelés au mariage à découvrir la beauté d’un amour véritable et profond, vécu comme don réciproque et fidèle ! Amen. À celles qui sont appelées à la vie religieuse, et à vous chers séminaristes que le Seigneur appelle à sa suite dans la vocation sacerdotale, je voudrais redire tout le bonheur qu’il y a à donner totalement sa vie pour le service de Dieu et des hommes. Si vous optez pour Dieu, l’assistance rassurante de l’Esprit Saint ne vous fera jamais défaut comme ce fut pour Pierre et Jean dans la première lecture. Que Dieu vous affermisse et concrétise votre désir. Amen !  Que les familles et les communautés chrétiennes soient des lieux où puissent naître et s’épanouir de solides vocations au service de l’Église et du monde! (Benoit XVI à Lourdes en 2008).

Enfin, frères et sœurs, en ce dimanche du Bon Pasteur, posons-nous la question : « Que devons-nous faire ? » Pour vous fidèles laïcs, encore et toujours, vous devez demander la grâce de la disponibilité à vivre pleinement votre baptême et  à répondre à n’importe quel moment à l’appel du Maître de la moisson, s’il vous appelait un jour ! Deuxièmement, vous devez demander au Seigneur, encore et toujours, les pasteurs dont vous avez  besoin pour vivre toujours mieux votre rapport avec l’Eglise. Et nous, pasteurs, que devons-nous faire ? Nous devons demander la grâce de toujours demeurer pasteurs à l’image du Bon Pasteur ; et deuxièmement, nous devons demander la grâce de rester aussi des brebis du Seigneur et ne chercher notre gloire en rien d’autre que cela : écouter sa voix à lui.

Et maintenant, en union avec toute l’Eglise, communions en ce jour à cette prière pour les vocations : (Veillez vous mettre debout)

« Dieu notre Père, pour le salut des hommes et pour ta plus grande gloire, tu as envoyé ton Fils Jésus Christ dans le monde, et tu lui as associé des âmes généreuses dans sa mission salvatrice.

Nous t’en supplions : par le feu de ton Esprit, touche encore les cœurs de nombreux jeunes afin qu’ils soient embrasés du désir de te consacrer leur vie dans le sacerdoce ministériel, la vie religieuse et le ministère des catéchistes.

Donne pour leur formation, des accompagnateurs et des éducateurs sages, dévoués et pieux, qui sachent les aider à discerner et à mûrir leur vocation dans la foi en toute liberté. »

Nous te le demandons par Jésus-Christ le Bon Pasteur qui vit et règne pour les siècles des siècles! Amen!

La paix soit avec vous! (Veillez vous asseoir).

Abbé Jean Charles SOME

Publié dans Homélies dominicales

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