La bonne gestion du temps...une ascèse et une nécessité incontournable

Publié le par Abbé Martin OUEDRAOGO

Abbé Francis SANDWIDI à l'ambon

Abbé Francis SANDWIDI à l'ambon

​Samedi 23 Janvier 2021

Exhortation des Vêpres solennelles

Texte : 1Co 7, 21-31

Bien aimés de Dieu, dans le monde de ce temps, la bonne gestion du temps apparaît à la fois comme une véritable ascèse et une nécessité incontournable. Depuis l’essor de l’industrialisation, il nous est donné d’être convaincu que « time is money ». Cette perception du temps dans le monde contemporain semble être partagée, dans une certaine mesure, par le monde de la bible. En effet, pour l’univers biblique, le temps cosmique dans lequel vivent les hommes est transitoire. A l’époque où Saint Paul écrivait sa lettre, les chrétiens étaient persuadés que la fin des temps serait pour bientôt. Saint Paul souscrit à cette logique d’insuffisance du temps, en exhortant ses lecteurs à un changement de manière de vivre. La fin des temps est imminente et chacun devra faire l’effort de quitter l’attachement excessif qu’il a pour les choses terrestres.  Il faut fixer le cœur sur ce qui ne sera pas anéanti par la mort. Dans ce court passage que nous venons d’écouter, saint Paul a deux objectifs : faire prendre conscience à ces lecteurs de la brièveté du temps et la nécessité pour chacun de changer d’attitude de vie.

Le temps touche à son terme. C’est maintenant le temps favorable pour chacun de se décider à suivre le Christ. Le corps du texte est encadré par deux affirmations de même portée : « le temps est limité » ; « ce monde tel que nous le voyons est en train de passer ». L’expression “le temps est limité” est une image comparative utilisée par l’auteur pour souligner la fin prochaine de toute chose. En fait, dans le contexte grec, c’est un terme de navigation, “le temps a cargué ses voiles”. Quand un bateau parvient au terme de son voyage, il replie ses voiles pour entrer dans le port. Saint Paul présente l’humanité comme un bateau au terme de son voyage. De façon logique, on comprend que si l’humanité est parvenue au terme de sa course, ce monde tel que nous voyons est en train de passer. Le centre de ce passage est donc une invitation à lever les yeux au-dessus de notre horizon quotidien pour regarder l’horizon de Dieu.

L’apôtre Paul s’adresse à différentes catégories de chrétiens : mariés et non mariés, heureux et malheureux, riches et pauvres, les uns comme les autres n’avez qu’un horizon, le royaume. Ceux qui ont une femme et ceux qui n’en ont pas, ceux qui pleurent et ceux qui ne pleurent pas, ceux qui font des achats et ceux qui n’en possèdent rien, ceux qui tirent profit du monde et ceux qui n’en profitent pas, tous, vivez dans ce monde présent à la manière du Christ. Aux chrétiens d’origine juive et à ceux d’origine païenne, Paul donne le même conseil. Que chacun vive selon la condition que le Seigneur lui a donné en partage et dans laquelle il se trouvait quand Dieu l’a appelé. Trois fois de suite, l’apôtre insiste sur la nécessité que chacun reste dans la condition où il se trouvait quand il a été appelé. Tout cela est logique, puisque nous sommes le levain de la pâte, il ne nous faut donc pas quitter la pâte dans laquelle nous sommes enfouis. Le détachement dont parle l’Apôtre n’est nullement une fuite des réalités terrestres. Il ne s’agit pas de quitter matériellement, mais de vivre désormais toutes les réalités terrestres dans la perspective du monde nouveau. Une perspective à la fois proche et certaine. Il existe deux manières différentes de vivre ces mêmes réalités. La manière païenne et la manière chrétienne, la manière d’Adam et la manière du Christ. Vivre en chrétien, c’est vivre les yeux fixés sur le royaume comme un coureur qui ne regarde que le but. Le plus beau commentaire, saint Paul nous le donne un peu plus loin dans cette lettre : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, quoique vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1Co 10, 31).

Frères bien aimés, notre baptême ne nous engage pas à changer notre état de vie, mariage ou célibat, mais notre manière de le vivre. Ce qui est nécessaire c’est d’observer les commandements de Dieu et cela est possible dans tous les états de vie. La bonne nouvelle de l’imminence du royaume est la même pour tous, riches ou pauvres, mariés ou non. Rien n’est définitivement gagné pour aucun peuple et rien n’est non plus définitivement perdu pour personne. C’est par la fermeté de notre détermination à suivre le Christ que nous parviendrons à la voie de la sainteté. Que Dieu nous donne la force et les moyens nécessaires pour nous engager résolument sur cette voie.

 

Abbé Francis SANDWIDI, Diacre

Publié dans Homélies

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article