SCANDALE: des familles chrétiennes catholiques où on ne trouve pas une seule Bible ni en totalité ni en partie/ Homélie 3è DTO

Publié le par Grand Séminaire Wayaghin

SCANDALE: des familles chrétiennes catholiques où on ne trouve pas une seule Bible ni en totalité ni en partie/ Homélie 3è DTO

Dimanche de la Parole de Dieu

 Journée de l’Enfance Missionnaire

Textes : Is 6, 1-2a.3-8 ; Ps 137 ; 1Co15, 1-11 ; Mc 16, 15-20

 

Grand séminaire St Jean-Baptiste

Wayalghin, 26/01/2020

 

Frères et sœurs, nous célébrons cumulativement en cette même eucharistie dominicale, et le dimanche de la Parole de Dieu et la journée mondiale de l’enfance missionnaire. Les textes liturgiques proposés pour notre méditation par les Œuvres Pontificales Missionnaires de notre Conférence Episcopale sont conformes aux réalités que nous célébrons. En effet, ces textes ne sont pas tirés d’un roman ni d’une fable, ils ont été choisis parmi les livres saints de la Bible, la Parole de Dieu, et nous parlent de la mission.

Pour notre médiation, j’ai choisi d’insister sur le dimanche de la Parole de Dieu pour deux raisons : d’abord, c’est la toute première célébration du dimanche de la Parole de Dieu depuis qu’il est institué par le Saint-Père ; ensuite en ce dimanche de l’enfance missionnaire, tout comme dans la vie quotidienne de l’Eglise, la Parole de Dieu est l’outil incontournable et le sac des provisions de la mission.

Commençons donc par l’institution du dimanche de la Parole de Dieu :

Dans un Motu proprio, c’est-à-dire de sa propre initiative, le pape a publié le 30 septembre 2019 une lettre du nom de « Aperuit illis ». Le titre de cette lettre apostolique, « Aperuit illis », signifie « il leur ouvrit » ; et cela fait référence à Lc 24,45 qui dit : « Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures ».

Frères et sœurs, c’est dans cette lettre apostolique, parue le jour de la fête de St Jérôme, patron des exégètes, que le Saint-Père institua un dimanche de la Parole de Dieu, en ces termes : J’établis que le IIIe Dimanche du Temps Ordinaire soit consacré à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu. Ainsi, désormais, le 3è dimanche du Temps Ordinaire de chaque année liturgique est dédié à la célébration du dimanche de la Parole de Dieu. D’une manière plus large, la lettre apostolique, “Aperuit illis” souligne toute la richesse et le caractère vivant du texte sacré. Il encourage les croyants à une plus grande familiarité avec la Parole de Dieu, afin de « vivre en profondeur notre relation avec Dieu et avec nos frères ». L’intention du Saint-Père est de faire redécouvrir l’importance de la Parole de Dieu et inviter tout chrétien à la lire, la méditer et la célébrer ; en un mot, le Saint-Père invite les chrétiens à vivre véritablement avec la Parole de Dieu et de la Parole de Dieu.

En toute réalité, cette lettre du Saint-Père est en continuité avec les grands textes du magistère : Dei Verbum qui est la Constitution du Concile Vatican II sur l’Ecriture, et Verbum Domini qui est l’Exhortation apostolique de Benoit XVI à la suite du synode de la Parole de Dieu en 2008. Cette continuité de méditation du magistère vise à confirmer et à maintenir la place de la Parole de Dieu dans le Christianisme.

Frères et sœurs, dans le déroulement de la vie de l’Eglise universelle, ce dimanche institué de la Parole de Dieu se situe ainsi à un moment de l’année, où nous sommes invités à prier pour l’unité des chrétiens. Cette année par exemple, ce dimanche de la Parole de Dieu se situe au lendemain de la clôture de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il ne s’agit pas d’une simple coïncidence temporelle : célébrer le Dimanche de la Parole de Dieu exprime une valeur et une dimension œcuménique de la Parole de Dieu, parce que l’Écriture indique à ceux qui se mettent à l’écoute le chemin à suivre pour parvenir à une unité authentique et solide.

La célébration du dimanche de la Parole de Dieu nous ramène à l’esprit et au cœur, cette déclaration de St Jérôme : « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ ».  Cette affirmation de foi veut souligner que la relation entre le Christ, les chrétiens et l’Ecriture sainte est extrêmement importante, elle est vitale. Ce lien intrinsèque entre l’Ecriture, le Christ et les chrétiens trouve son affirmation dans l’Eucharistie, lieu des « deux tables » : table de la Parole de Dieu et table du corps et du sang du Christ, toutes deux destinées aux chrétiens. Dans la messe, en effet, il s’agit de manger à la fois la Parole de Dieu et le corps et le sang du Christ. C’est pourquoi, indiscutablement, Ecriture et sacrements sont inséparables. Et une fois nourri de l’Eucharistie, on a la force pour aller à la mission du Ressuscité. Une fois nourri de l’Eucharistie après avoir été purifié, on est prêt pour la mission, et on peut déclarer comme le prophète Isaïe : הִנְנִי שְׁלָחֵנִי  c’est-à-dire εἰμι ἐγώ ἀπόστειλόν με, ce qui se traduit : « Me voici, envoie-moi. »

Venons-en à la mission :

Dans l’évangile de ce jour, nous apprenons que Jésus ressuscité envoie ses disciples proclamer l’évangile à toutes les créatures. L’évangile, c’est la Bonne nouvelle, c’est Jésus lui-même. Ainsi, il envoie ses disciples le proclamer lui-même. Si nous considérons le contexte dans lequel cet envoie en mission a eu lieu, c’est-à-dire après la résurrection, nous devons alors comprendre que aller proclamer l’évangile, c’est aller annoncer que Jésus est ressuscité, que la mort n’est pas une fatalité. C’est pourquoi à juste titre, dogmatiquement parlant, la résurrection du Christ est le fondement de notre foi et l’objet de notre annonce.

Dans cette mission, nous ne sommes pas seuls. Jésus est présent en nous. Il nous rassure qu’en son nom ceux qui croient en lui et sont baptisés expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s'ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. Pourquoi ces signes et pas d’autres ? En effet, les démons représentent les forces du mal qui traumatisent l’homme, qui détruisent la vie. Les démons peuvent s’emparer du missionnaire et l’empêcher d’annoncer l’évangile afin que leur règne de ténèbres puisse se propager. Le pouvoir de chasser les démons que Jésus ressuscité confère à ceux qui croiront en lui vise à libérer l’homme c’est-à-dire redonner à l’homme la paix intérieur et extérieure. Frères et sœurs, n’est-ce pas que quand nous manque cette paix intérieure et extérieure nous sommes perdus ? Quant au parler en langue nouvelle, c’est désormais le moyen de parler du missionnaire de sorte que le démon ne comprenne pas et n’embrouille pas la Parole de vérité. La langue nouvelle, c’est la langue des créatures nouvelles, la langue de ceux qui appartiennent au Ressuscité. Le parler en langue nouvelle est une attitude communicationnelle non dictatoriale mais qui tient compte des autres dans leur situation concrète et leur propose un mieux être. Ainsi dans la stratégie de l’évangélisation selon l’esprit du Christ, le missionnaire ne doit pas imposer l’évangile à qui que ce soit, mais il le propose à tous ! Et l’image du serpent ? Le serpent, c’est le symbole du mal, obstacle à l’évangile : Dans le livre des Actes des Apôtres, le serpent s’en prend à ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle. Dans la ville de Philippes par exemple, sous la forme d’un esprit python qui a pris possession d’une jeune servante, le serpent harcèle l’apôtre Paul et ses compagnons en vue de détourner leur mission (Ac 16, 16-18). Ensuite, après un naufrage, le serpent  s’attaque de nouveau à Paul sous la forme d’une vipère surgissant d’une brassée de bois mort ; il plante ses crocs dans la main de l’apôtre, mais il finit dans le feu sans avoir réussi à stopper la progression de l’Évangile (Ac 28, 1-6). Enfin, dans l’Apocalypse, le serpent se transforme en dragon. Il essaye, sans succès, de s’attaquer à la femme qui enfante le Messie ainsi qu'à sa descendance ; mais peine perdue, il est vaincu au nom de l’Eternel. « Ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien » : Frères et sœurs, la main ou le bras est le symbole de la force, de la puissance. Imposer les mains à un malade c’est le toucher avec la puissance du Christ, c’est lui communiquer la force du Ressuscité, force qui relève, qui redynamise, qui fortifie. En réalité, frères et sœurs, chacun de nous est un logos thérapeutique, c’est-à-dire une parole qui soigne, qui guérit  au nom du Christ. Au lieu d’avoir des paroles qui tuent, ayons plutôt envers les autres des paroles qui guérissent à l’instar des paroles du Christ.

Enfin, le symbole du poison : le poison mortel dont parle l’évangile est un symbole du mal que nous retrouvons dans notre monde. Ce poison prend plusieurs formes et divers noms ; ce poison peut être la haine que nous entretenons contre les autres ; il peut être la vengeance, la médisance, la calomnie ou la jalousie que nous nourrissons. Tout cela constitue les poisons d’aujourd’hui qui nous ronge d’abord avant de nuire aux autres. Tous, nous sommes contaminés par ces poisons et devons les combattre afin qu’ils ne détruisent pas notre vie. Mais d’où viennent ces poisons ? Souvent, certains de ces poisons naissent en nous et sont permanemment présents en nous quand nous refuser d’accepter ce que nous sommes et avons et envions ce que sont et ont les autres.

Frères et sœurs, il existe d’autres poisons bien plus nombreux et aussi dangereux que ceux énumérés et tous font parti de nos vies quotidiennes et nous traumatisent, mais le Christ nous rappelle qu’ils ne peuvent nous détruire si nous croyons en lui et lui permettons de nous accompagner et de rester avec nous. Une des manières de garder le Christ avec nous, frères et sœurs, c’est de rester attachés à la Bible, la Parole de Dieu : comme livre saint, il nous faut l’avoir avec nous. Chaque chrétien devrait posséder la Bible et en faire ‘sa Bible’. Sur ce point, nous pouvons humblement copier nos frères les Protestants pour qui, avoir une Bible, est fondamental. En effet, il avait été reconnu, dans un petit sondage, quand je travaillais à l’Alliance Biblique, que la Bible existe dans toutes les familles protestantes; et  dans une famille protestante authentique, on y trouve au moins trois Bibles : une pour le père, une pour la mère et une pour les enfants, et chaque enfant se procure personnellement sa Bible dès qu’il devient adulte. Et chez les Catholiques, qu’en est-il ?

A ce sujet, je peux me permettre de poser des questions mais sans attendre de réponse : Toutes les familles chrétiennes catholiques ont-elles la Bible en leur sein ? Combien de chrétiens catholiques ont la Bible personnellement ? Malgré le travail de traduction de la Bible dans nos langues maternelles, travail pour lequel l’Alliance biblique et certaines structures de nos diocèses se battent pour mettre à la disposition de tous la Parole de Dieu, malgré cela, il y a encore de nos jours des familles chrétiennes catholiques où on ne trouve pas une seule Bible ni en totalité ni en partie. Il y a encore des chrétiens catholiques bien baptisés qui ne possèdent pas la Bible et il en existe même qui n’ont jamais touché la Bible de leurs mains ; à ceux-là je demande simplement de venir à moi à la fin de la messe pour que je leur présente la Bible à toucher, que ce soit fait au moins une fois dans leur vie. Et ceux qui ont la Bible, où est-ce qu’elle est posée ? Je propose que nous fassions des lieux suivants les endroits privilégiés pour mettre notre Bible : sur la table du bureau, sur le guéridon du salon, sur le lit de la chambre et lors de nos déplacements, dans la valise et dans la voiture.

Ceci dit, frères et sœurs, je ne vous demande pas de vous promener dans les rues avec la Bible en main, je souhaite vivement que vous ayez les paroles de la Bible avec vous partout où vos vies vous conduisent.  Une chose est de posséder la Bible, et une seconde chose aussi importante est de l’employer. Combien lisent la Bible et à quelle fréquence et occasion ?

Frères et sœurs, la Bible comme Parole de Dieu, il nous faut la lire, il nous faut l’écouter. La lire individuellement, la lire en famille, la lire en groupe, la lire en communauté. Par exemple, lors des séances de récitation de chapelet, on peut faire précéder cela de la lecture de passages bibliques. En effet, le premier outil indispensable du missionnaire c’est la Bible. Car c’est de la Bible qu’on peut tirer les vraies attitudes du bon missionnaire ; c’est dans la Bible qu’on peut trouver les vraies paroles de consolations et d’encouragements pour soi et pour les autres ; c’est dans la Bible qu’on peut trouver la vérité car elle est Parole de Dieu qui ne peut se tromper ni nous tromper.

Et vous, chers enfants, en ce jour, votre jour, prenez conscience que vous êtes des missionnaires, que Jésus a besoin de vous pour l’annoncer, le faire connaitre. Vous réussirez cette mission si vous êtes obéissants à vos parents, si vous êtes assidus à la catéchèse et si vous aimez lire et écouter la Parole de Dieu en allant à la messe. Votre présence nombreuse à la messe que je constate, et les nombreux carnets de catéchèse que vous présentez à signer à la fin de messe sont des signes que vous êtes sur la bonne voie et que le Christ peut réellement compter sur vous pour se faire connaitre.

Nous prions pour vous et avec vous afin que le Christ, le Maitre de la mission, vous assiste et accompagne tous les agents de l’évangélisation :

Seigneur Jésus, Fils du Dieu vivant, augmente en nous la Foi et accompagne-nous dans l’annonce de ton Évangile, afin que nous puissions, en ton nom, soulager ceux qui souffrent, ramener à toi tous ceux et celles qui doutent de ton amour et qui restent en dehors de ton enclos de lumière et de paix. Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen !

 

Abbé Jean Charles SOME

Publié dans Homélies

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