Homélie de l'Abbé Mathieu SAMA à l'occasion du dimanche de l'enfance missionnaire

Publié le par Grand Séminaire Wayaghin

Bien aimés de Dieu,

De ce Dieu de bonté universelle, qui nous met au pas !

 

Que Dieu soit bon, et que sa bonté soit universelle, c’est une donnée d’expériences et de foi qui se laisse découvrir à travers toute la Bible, en général, et singulièrement dans les textes de cette liturgie que nous proposent les OPM de notre Conférence épiscopale, à l’occasion de la célébration de la semaine de l’enfance missionnaire.

Dieu est bon ! Telle pourrait être la leçon que quiconque tirerait du récit de la guérison de Naaman, du second Livre des Rois, entendu en première lecture, et de la libération du démoniaque Légion de saint Marc l’évangéliste.

Dans les deux cas, ce sont des païens qui sont bénéficiaires de la Bonté de Dieu.

D’abord le narrateur dans la première lecture, rapporte comment Naamân, chef de l’armée de Syrie, région païenne, fut guéri de sa lèpre tandis que Géhazi, israélite et serviteur d’Elisée, contracta cette maladie en châtiment de sa cupidité (5,20-27). Sur les conseils d’une jeune Israélite entrée au service de sa femme, Naaman vint en Israël trouver le Prophète Elisée pour lui demander de le guérir. Sans même le recevoir, Elisée lui fait dire d’aller se baigner sept fois  dans le Jourdain. D’abord déçu et même irrité, Naaman, sur l’insistance de ses serviteurs, finit par se plier à l’injonction du prophète. La péricope liturgique rapporte les paroles du général syrien au prophète après sa guérison : Elles expriment en particulier :

  1. Un acte de foi (monothéiste ? monolâtrique ? ) en Yahvé, Dieu d’Israël ;
  2. Le désir de donner à Elisée une récompense en argent, et le refus dédaigneux du prophète ;
  3. La requête de Naaman qui demande de pouvoir emporter immédiatement en Syrie un peu de terre d’Israël pour construire un autel car, désormais,  c’est à Yahvé seul qu’il désire offrir des sacrifices.

Dans les versets suivants, qui n’appartiennent pas à la péricope liturgique, Naaman s’excuse par avance de devoir, en raison de sa position sociale, continuer à participer aux rites païens. Elisée se contente de lui répondre paternellement : «Va en paix» (5,18-19).

De ce Dieu de bonté universelle, qui nous met au pas !

Dans le deuxième cas, la scène se passe en Galilée, dans le pays des Géraséniens, en territoire païen. La guérison du démoniaque dénommé Légion (6 mille hommes dans l’armée romaine) manifeste la gravité de la situation de possession et exprime le pouvoir du Christ sur le royaume de Satan. La mention des porcs dans le récit dit l’impureté de la terre païenne selon la mentalité juive selon laquelle le porc est un animal impur. Après avoir guéri le démoniaque, Jésus lui recommande : « va à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. ».

Il est important de bien saisir la richesse doctrinale de ces  deux récits. Mais pour cela, il faut, bien entendu, les prendre tout entier, car les péricopes liturgiques en constituent seulement les points culminants.

Ils expriment, tous ceux, ceci : Dieu se comporte envers l’homme comme on se comporterait vis-à-vis des enfants, des petits, c'est-à-dire dans une approche patiente et pleine d’espérance. Il est miséricordieux à l’égard de tous, apprécie la droiture où qu’elle se trouve. Il accueille immédiatement tout sentiment de confiance à son égard, même quand il reste encore assez imparfait ; il accompagne quiconque fait un pas, même encore très hésitant, pour se tourner vers lui. Il se sert même parfois des causes secondes les plus inattendues, les plus banales, pour obtenir des effets éclatants, s’y prenant  parfois de très loin (chez Naaman, une petite fille israélite devenue esclave ; chez le démonique, de simples cris).

De l’homme, il exige seulement une chose (non pas des «choses» comme par exemple ses richesses) : la foi pleine et totale dont une des composantes les plus apparentes s’appelle obéissance. Il répand des bienfaits d’ordre matériel (la santé physique) en vue d’un bien notablement plus grand : sa connaissance.

Il ne faut pas, par ailleurs, négliger de remarquer l’art –au sens fort du terme - avec lequel les auteurs usent d’ironie pour se moquer très finement  de la diplomatie officielle (Elisée refuse de recevoir Naaman, chef d’armée victorieuse ; en voyant Jésus de loin, le démoniaque accourut et cria d’une voix forte) et de l’efficacité des moyens humains : la suite nombreuse dont s’entoure Naaman, son or, son argent et « dix habits de fête », les rites magiques ; les porcs ont tous péri et Jésus est prié de quitter la région, car les miracles coûtent finalement économiquement cher).

Les narrateurs doivent convenir que deux païens ont su s’élever à un haut niveau de foi, tandis qu’un Israélite – et qui plus est un serviteur d’Elisée – tombe bien bas.

Que faire pour se relever ?

La 2ème lecture nous en donne l’astuce : La prière nous rapproche de Dieu et nous fait accéder à sa bienveillance. Cette communion exige de nous une imitation de Dieu à travers la recherche du bien au quotidien par l’exercice de la vertu.

La première mention du concept abstrait de vertu dans le Nouveau Testament se trouve dans la Lettre aux Philippiens : « Au reste, frères, tout ce qu’il y a de vrai, tout ce qui est noble, juste, pur, digne d’être  aimé, d’être honoré, ce qui s’appelle vertu, ce qui mérite l’éloge, tout cela, portez-le à votre actif » (Ph 4, 8). C’est ici le seul emploi dans les épîtres de saint Paul d’un mot fort courant chez les moralistes grecs. La vertu est reliée ici à tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, etc. Elle est donc prise au sens d’excellence, de comportement idéal. L’excellence éducative est bien une exigence du croyant que partage l’Eglise.

Chez saint Marc l’Evangéliste, Dieu manifeste sa puissance, est vainqueur de Satan, de son royaume et de son impureté. La foi en Jésus Christ, aujourd’hui comme hier, est un engagement pour Lui, avec Lui et par Lui. Dans l’Eglise-Famille au Burkina et au Niger, tous les enfants de Dieu ont le devoir non seulement du témoignage de l’amour de Dieu mais aussi de l’annonce de sa Parole et de sa bonté. En effet, le premier témoignage véritable consistera en l’amour que chacun aura pour toute personne. En plus de cela, partager avec les autres ce que les bienfaits de Dieu, répond à cet appel de Jésus : « Va, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde ».

De ce Dieu de bonté universelle, qui nous met au pas !

Chaque de Dieu est donc appelé à être missionnaire, porteur et témoin de ta foi au Christ. N’ayons  pas peur de témoigner de cette espérance qui est en nous. Que la grâce de cette eucharistie nous y aide,  Amen !

Abbé Mathieu SAMA

Professeur au Grand Séminaire Saint Jean-Baptiste de Wayalghin

Publié dans Homélies dominicales

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