Homélie du 5ème dimanche de carême/ Année C

Publié le par Grand Séminaire Wayaghin

Chers frères et sœurs en marche vers la joie pascale, que la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soit toujours avec vous ! Des 6 dimanches qui nous séparaient de la semaine sainte, il ne reste plus qu’une seule. Nous avons visiblement parcouru de façon collective et individuelle plus de la moitié du chemin. Il n’y a pas de mal à se féliciter n’est-ce pas ? Alors félicitations à tous et à chacun, pour tous les efforts de conversions consentis dans la joie. Mais celui qui veut voyager loin doit ménager sa monture. Ainsi l’important pour nous n’est pas le chemin parcouru, mais le chemin qui reste à parcourir pour rencontrer le Christ dans sa gloire. Ce chemin est étroit et nous impose une attitude fort bien recommandable : se mettre en face de Jésus et reconnaitre notre état d’hommes et femmes pécheurs. Telle fut la leçon que les Juifs et pharisiens, hypocrites accusateurs, apprirent à leur dépend. Nous pouvons en visionner un aspect dans l’épisode de la femme adultère, mis en écran par l’évangile de ce 5ème Dimanche de Carême. En effet animer d’une seule intention, celle de condamner Jésus, les Juifs et les Pharisiens usèrent de stratégie pour le faire tomber dans leur piège. Quoi de plus normale que de passer par son point faible : c'est-à-dire son amour des pécheurs.  Dans l’évangile une occasion inespérée se présente à eux : une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Cette dernière est utilisée comme appât pour mettre  à l’épreuve Jésus qui connaissait pourtant la sentence prévue pour ce forfait. Il n’y a donc plus rien à faire, sinon qu’à passer à la lapidation de cette femme qui n’était cependant pas la seule fautive, son complice, ayant certainement pris ses jambes au coup. Devant cette foule ameutée, impatiente de rendre justice à la loi de Moïse, Jésus, qui enseignait au temple après avoir passé la nuit en prière sur le mont des oliviers, est resté sans mot dire, un silence de mort, un silence qui évite à la femme l’humiliation du terrible procès qu’on voulait engager. Un silence qui démasque l’hypocrisie des maitres de la loi, et surtout un acte qui ramène chaque accusateur à la vérité de sa vie. Mais eux, aveuglés par leur légalisme ne comprirent pas les écrits, ni le silence de Jésus. Et comme ils s’évertuaient à vouloir manger leur piment sa  bouche, il leurs répondit en les renvoyant à leur conscience car il sait que tous sont pécheurs devant Dieu: «  celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ». A ces mots ils s’en allaient en commençant par les plus âgés.  Bien-aimés de Dieu l’heure n’est plus à nous lapider  par les pierres de nos pensées, de nos actions et de nos paroles. Il est temps, et le temps est favorable pour une prise de conscience. Si vous le voulez bien, sans perdre le fil du feuilleton, nous allons  marquer une pose, pour entrer en nous même pour nous découvrir aussi pécheur que les autres car ce que nous nous cachons est déjà connu de Dieu. Faisons donc le triste constat et résolument, redoublons d’effort pour nous convertir à celui qui est sans péché et qui veut changer notre cœur de pierre en cœur de chair. Chers frères et sœurs en Christ, y a-t-il un péché qui soit impardonnable ?

Cueillons à chaud un fait social en vogue dans notre cité et mesurons jusqu’où va notre volonté de pardonner. De fait, lors d’une émission télévisée portant sur l’infidélité dans les foyers,  que j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt, voici ce que le micro-trottoir m’a permis d’entendre, de voir et de comprendre sur l’une des questions clés de l’émission : que feriez-vous en apprenant que votre conjoint ou votre conjointe est infidèles ? A travers cette émission, l’on pouvait déceler quatre tendances : la première tendance nous dit que y’aura mort d’homme. La deuxième tendance nous situe dans un contexte d’égalité entre l’homme et la femme, par conséquent, si il ou elle ma fait ça, son pied mon pied, s’il me trompe, je le trompe ; la troisième tendance, il ou elle a osé me faire ça à moi, le fils de mon père, ou la fille de ma mère, pour question de justice et d’honneur c’est inadmissible, je veux le divorce.  Et la quatrième tendance, tu sais malgré ce qu’il fait ou ce qu’elle fait, même la mort ne pourra nous séparer, je l’aime toujours, je pardonne et je pardonnerais, car mon amour pour lui (elle) est sincère. Ecoutons Jésus qui est de cette dernière tendance : femme moi non plus « je ne condamne pas. Va, désormais ne pèche plus». Consciente de la gravité de sa faute, elle n’en demandait pas plus. Ainsi devant la misère de notre humanité en proie aux péchés de tous ordres, il y a en face la miséricorde de Dieu. Avec Jésus on ne peut donc plus croire à la fatalité absolue du péché et du mal qui n’ont plus le dernier mot. « Jésus est venu desserrer l’étau de la culpabilité et du soupçon : il est venu montrer que la justice du Père va jusqu'à la miséricorde.» Bien-aimés de Dieu, ce temps de carême doit nous ouvrir à l’espérance, car rien n’est perdu pour Dieu, nul n’est trop loin pour Dieu et rien n’est fini pour Dieu, pourvu que notre repentir soit sincère. Allons, faisons le pas vers lui, car à chacun de nos pas de pénitent correspond des centaines de bonus de grâce. C’est fort de ces grâces que l’apôtre Paul s’exclame en ces termes : "une seule chose compte : oubliant ce qui se cache derrière moi, et tendu vers l’avant, je cours vers le but, le prix que Dieu m'appelle à recevoir ici-bas, le Christ Jésus" (Ph 3:14).

 

Chers fidèles du christ, observons et imitons l’attitude de Jésus  dans le deuxième épisode de notre feuilleton qui a un dénouement heureux. Comme avec la samaritaines,  Jésus se retrouve nez à nez avec la femme adultère. Un dialogue, mieux une réconciliation est initiée par Jésus, et ce à travers  son  regard,  rendu manifeste par sa parole de vérité. Que pouvons-nous imiter du regard de Jésus ? Je dirais tout et absolument tout. Car se redressant, Jésus restaure par son regard cette femme dans sa dignité d’enfant de Dieu, avec un regard d’amour, un regard plein de grâce, un regard miséricordieux.

Ce regard fait toute la différence avec nos regards dédaigneux, accusateurs, et avilissants.  Le regard de Jésus est un regard qui guérit, relève, console et libère. Car il est venu pour les malades, les pécheurs afin qu’ils aient la vie en abondance. De fait le regard de Jésus est gratuit, il ne juge, ni ne condamne ; son regard nous accompagne et nous invite à réfléchir et à renaitre à sa vie de sainteté, de tendresse et de miséricorde. Travaillons à aimer nos frères et sœurs malgré  leurs péchés en étant patient et tolérant en vers eux et évertuons nous à éviter le péché et à nous défaire de ses liens.

Le troisième et le dernier épisode porte la signature de Jésus, qui nous donne un ordre de mission. En effet après avoir protégé et donné vie à cette femme qui représente notre humanité libérée des entraves du péché, Jésus nous invite à marcher avec quiétude vers cette terre nouvelle d’où jailli l’eau de vie dont la source se trouve dans le cœur de chaque membre de nos familles et de nos communautés. Ainsi nous devons contribuer à hauteurs des grâces et charismes reçus  pour la fondation et l’édification d’une communauté de vie où règne la paix. Heureux sommes-nous, chacun, d’être des artisans de la paix, heureux en toute circonstance de chercher à vivre ensemble ce dont nous avons le plus besoin : miséricorde, réconciliation, pardon dans la vérité, la justice, et l’amour.

Fils et filles d’un Père, qui nous aime, et nous pardonne, accueillons  son pardon en fréquentant régulièrement le sacrement de la Réconciliation et, en cette dernière étape de notre cheminement vers Pâques, confessons-nous et laissons sa miséricorde nous revaloriser et nous contaminer pour être à notre tour miséricordieux les uns envers les autres. Que l’Eucharistie de ce jour nous en donne la force. 

 

Diacre Evariste DEMBRE / 4e Année de Théologie

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