HOMELIE DU DEUXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Publié le par Grand Séminaire Wayaghin

Le rônier donne du bangui. Il est comme une mère pour les Senoufo et assimilés. Le mil qui donne du dolo au Mba est comme un père pour les Mbaba. Et Dieu dit:‘‘Honore ton père et ta mère’’(Ex 20, 12 )! Les buveurs de bangui et de dolo n’ont donc pas tort quand ils lèvent un regard de fils vers le rônier et le mil, qui ajoutent à leur joie de vivre sur la terre dans l’attente du ciel. Trois images pour saisir le message de Dieu en ce jour: Une mère et son fils ! L’homme et sa femme ! Le ciel et la terre!

1-Une mère et son fils ! Pour une fête, l’eau ne convient pas, et le pain à lui seul ne suffit point. Il faut du bangui ou du dolo ! Là-bas chez les juifs, il fallait du bon vin! La scène s’est passée à Cana en présence de Jésus ; sa mère et ses disciples aussi étaient là! Les détails importent peu. La leçon à tirer c’est le plus important: Marie est une mère attentionnée au cœur de la vie de son fils ! Reculons pour mieux comprendre ! A 12 ans, dans le Temple de Jérusalem, Jésus avait signifié à sa mère son devoir premier, celui d’être aux affaires de son Père! Et Marie gardait toutes ces choses dans son cœur, les méditant en tant que mère  (Lc 3, 49-50)! Aujourd’hui, Jésus est âgé de la trentaine, mais quoique adulte, il n’a pas oublié que Marie est sa mère. Sa réponse à sa maman est loin d’être des propos d’un fils insoumis et épidermique qui nargue sa mère en public. ‘‘Femme, que me veux-tu’’, veut dire tout simplement ‘‘Maman, tu ne peux pas comprendre’’. En effet, au commencement du monde, Dieu a créé par sa parole. Marie n’était pas née ! A Cana, ce n’était pas une simple multiplication de vin, mais une création, non pas à partir des fruits de la vigne, mais par la parole de Jésus comme si Dieu par son Fils créait de nouveau. Cette fois-ci, Marie était là, mais pour l’heure elle ne pouvait pas comprendre ! Car, changer l’eau en vin, c’est en fait commencer déjà à opérer la nouvelle création du monde. Or la re-création du monde est prévue à l’heure de la passion-mort-résurrection du Christ. Fallait-il alors devancer cette heure pour créer du vin et manifester ainsi qu’il est le Fils de Dieu, le Sauveur du monde ? Au désert, Jésus avait refusé de changer des pierres en pain pour démontrer au démon qu’il est Fils de Dieu. Mais quand une mère parle à un fils, le 4e commandement s’impose : ‘‘Honore ton père et ta mère’’ ! Le ventre d’une mère n’est pas simplement un réceptacle dans lequel l’enfant reçoit la vie ! Il est un lieu sacré où se tisse en secret entre mère et fils une complicité vitale bénie par Dieu. Tous fils d’une mère et d’un père, nous leur devons une piété filiale. Jésus nous en a donné l’exemple. Pour une cause juste et à cause de sa mère, il a avancé son heure ; et au-delà du problème matériel du manque de vin, c’est notre soif du salut que Jésus commence à étancher ! Désormais, par la sollicitude de sa mère le Fils agit à n’importe quelle heure à notre faveur. Hommes et femmes, mes frère et sœurs, de quoi avez-vous besoin ? Marie nous donne un conseil de mère: ‘‘Faites tout ce que mon Fils vous dira et tout ira bien pour vous’’ !

2-L’homme et sa femme ! Les fiancés et les mariés ont un vocabulaire populaire! Ce langage souvent imagé, je ne suis pas qualifié pour vous le dévoiler. Attendez la Saint Valentin, vous entendrez tout, le 14 février: Coucou ! Chouchou ! Michou ! Il s’agit de petits noms et surnoms mignons par lesquels les fiancés et les mariés essayent de traduire leur cœur vis-à-vis de leur bien-aimé ! Plaise à Dieu que cet élan soit un penchant pour le ciel et que jamais sur la terre vous ne deveniez mi-chat, mi-chien méchant l’un envers l’autre! A la suite des prophètes Osée, Jérémie et Ezéchiel, Isaïe, au 5e siècle av. J.C, a fait usage du langage affectif des fiancés et des mariés pour nous dire l’amour que Dieu nous porte. Dieu n’est pas l’éternel célibataire des siècles au cœur sec. Comme un homme va à la conquête de la femme à épouser, ainsi Dieu se met à notre quête. Et son Fils Jésus, en participant à un repas de noces, nous révèle en fait, que le projet final de son Père, c’est de nous conduire au ciel où ce sera la fête des noces de Dieu avec l’humanité entière. Si l’amour des conjoints est une image forte pour signifier notre relation à Dieu, se marier est donc une vocation noble et un chemin de sainteté: alors jeunes gens et jeunes filles, mariez-vous : demandez au Seigneur de vous faire rencontrer la chair de votre chair, l’os de vos os! Et vous, hommes et femmes mariés, tenez fermes dans vos droits et devoirs conjugaux  et si le vin de l’amour ou du pardon vient à manquer, Marie vous murmure à l’oreille : ‘‘Faites tout ce que mon Fils vous dira et tout ira bien pour vous’’, car les dons de Dieu sont inépuisables et variés telles les couleurs de l’arc-en-ciel !

3-Le ciel et la terre! Le ciel, c’est le plus grand don que Dieu nous réserve ! En attendant, la terre nous est offerte pour vivre. Si nous vivons mal sur la terre, le ciel nous ferme ses portes ! Au temps de Noé, les gens vivaient tellement mal en face de Dieu que Dieu lava la surface de la terre par un déluge. Mais depuis lors, Dieu a mis dans le ciel l’arc-en-ciel qui lui rappelle son engagement de père de ne plus jamais désordonner la terre par des pluies en vrac et à contre-temps. L’arc-en-ciel rappelle aussi et surtout aux hommes leur devoir de vivre en fils vis-à-vis de Dieu sur la terre s’ils désirent le ciel ! Mais entre temps, le peuple chéri de Dieu a oublié l’alliance avec Dieu et revivait mal sur la terre ! Au lieu d’un déluge, Dieu a permis que son peuple fasse l’expérience douloureuse de l’exil à Babylone ! Revenu de cette déportation en 538, le peuple qui n’avait plus de Temple pour prier avait l’impression d’être délaissé par Dieu. C’est alors que le prophète Isaïe réanima l’espérance d’Israël (cf. 1e lecture) en le rassurant que le désordre social et moral dont il souffrait ferait place à la justice et à la paix! Aujourd’hui comme Israël nous désirons la justice, la paix et le ciel, pourtant  l’égoïsme et le terrorisme, la violence et la méchanceté des hommes qui tuent, éclatent ça et là ! Faut-il alors que Dieu punisse encore notre terre ? Plus que jamais, le temps présent a  besoin de prophètes charismatiques[1], c’est-à-dire des chrétiens et des pasteurs déterminés et solidaires qui, pour une cause juste, sortent du silence, évitent toute violence et s’engagent pour la paix sociale et le bonheur de l’homme. En effet, les dons divers et les charismes variés nous sont donnés par l’Esprit pour faire de la terre un pied-à-terre où il fait bon vivre ensemble. Quel charisme ou quels dons avez-vous reçus et qu’en avez-vous fait ? Mais en définitive, ce qui nous mène au vrai bonheur du ciel, ce n’est pas tant le nombre arc-en-ciel des dons reçus, que l’amour et le pardon vécus chaque jour! Car, Jésus lui-même nous prévient: au jugement dernier, beaucoup diront : ‘‘Seigneur, Seigneur ! N’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, chassé les démons et avons fait de nombreux miracles ?’’ A leur surprise, ils s’entendront dire : ‘‘Je ne vous ai jamais connus ; écartez-vous de moi, vous qui faites le mal’’ (Mt 7, 22 – 23). Que Dieu nous en garde et nous fasse la grâce de passer notre temps à faire le bien sur la terre. Bref ! Marie notre Mère sera toujours là pour nous murmurer à l’oreille : ‘‘Faites tout ce que mon Fils vous dira, tout ira bien pour vous sur la terre, et le ciel vous ouvrira ses portes’’ ! Prions avec confiance : que le Seigneur nous garde du mal et nous donne la paix par l’intercession de Marie notre Mère ! Chant : Toi notre Dame…

 

 

 


[1] Et non pas de ces faux prophètes saprophytes qui exploitent la faiblesse psychologique des populations en temps de crise sociale et politique !

Abbé Paul André DABIRE/ E-mail: bezekurazo@gmail.com / Tel: 68394152

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