Homélie du Mercredi des Cendres 2018

Publié le par Grand Séminaire Wayaghin

Homélie du Mercredi des Cendres 2018

 

           Aujourd’hui, avec l’Eglise entière, nous célébrons le mercredi des cendres qui nous introduit de plein pied dans le temps privilégié du Carême. Les textes liturgiques nous rappellent la conversion et le sursaut spirituel que nous devons opérer pour participer au mystère de notre Rédemption par le Christ. 

           L’invitation pour ce temps reste d’aller au désert avec le Christ, lieu vraiment capable de mettre l’homme en face de lui-même, parce que dépourvu de toute matérialité vivante et dérangeante. Car, nous ne devons pas perdre de vue qui nous sommes et où nous allons. Et comme le disait le philosophe Socrate, « une vie à laquelle manque l’examen ne vaut la peine d’être vécue ». Toutefois, le désert est à chercher à l’intérieur de nous-même, dans notre cœur. Le cadre et le silence extérieur sont un préalable préparatoire à la déconnexion d’avec les distractions et les soucis mondains, favorisant les réflexions profondes. Et pour bien vivre ce temps de carême, je nous rappelle les trois efforts traditionnels de Carême à vivre profondément : la prière, le jeûne ou l'ascèse et la générosité.

           La prière est la relation à Dieu qui nous permet de le louer, de lui rendre grâce et d’accueillir ses grâces. Elle est la base, car le reste sans elle perd sa source et sa finalité. Jésus lui-même, qui était le Fils de Dieu (et, donc, parfaitement uni à son Père), a éprouvé le besoin, parce que devenu vrai homme, de passer 40 jours entiers à converser avec son Père. La prière chrétienne ne consiste pas à vouloir mettre Dieu au service de nos besoins, mais à accueillir en nous sa sainte volonté, pour lui demander de l'accomplir et de nous accorder la grâce de coopérer à son accomplissement. Mais afin de ne pas laisser les passions diriger notre conduite et nous écarter de la fidélité à la sainte volonté de Dieu, un autre moyen s’impose : le deuxième effort du Carême, c’est-à-dire l'ascèse.

           Il s’agit notamment de maîtriser nos passions, de restreindre volontairement l'usage des biens matériels, corporels et sensuels, de sorte à ne pas en devenir esclaves ; il s’agit de consacrer l'essentiel de notre attention et de nos efforts aux biens spirituels. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » ou « convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » ! Telle est le rappel qui nous est lancée lors de l’imposition des Cendres, en deux formules. La première formule qui dit notre finitude et semble même friser le nihilisme est éclairée par la deuxième. L’homme, créé à l’image et à la ressemblance Dieu, créé pour partager la vie divine ne saurait finir définitivement et banalement en poussière. C’est là une invite forte à la conversion afin d’échapper aux menaces des cendres terrestres et des cendres futures, à changer de vie, à prendre conscience de notre vraie patrie, à prendre conscience que la vie sur terre est semblable à une goutte de rosée. Dès lors, il faut vivre orienté vers le sacrifice salvateur du Christ. Sous notre cendre humaine (poussière) se cache une substance divine qui, pour briller, luire et réchauffer, a besoin d’être dégagée. Mais au-delà de la moritfication du coprs, notre jeûne devra se faire dans l’optique de la charité. Cela nous conduit au troisième axe d'efforts de Carême : le partage.

           Cet exercice nous invite à la solidarité et donc à la charité. Personne ne choisit l’indigence. On ne donne pas parce qu’on n’a beaucoup ou assez, mais parce qu’on aime. Notre charité est un témoignage de notre reconnaissance à Dieu de qui nous detenons tout. Rappelons-nous l’objet du jugement au dernier jour : « j’ai eu faim et soif et vous m’avez donné à manger et à boire » ; « j’étais malade, nu, en prison…et vous n’êtes pas venus… ». Ne pas commettre les maux tels que tuer, voler, mentir…ne fait que nous mettre sur la bonne piste. Il faut aller au-delà. Sur ce, saint Paul nous recommande d’être coopérateurs au salut de Dieu pour le genre humain, en ne laissant pas sans effet les grâces reçues : notre avoir, notre pouvoir ou fonction, notre savoir ou notre talent… Si la prière nous incite au contact avec Dieu, principe et fin de tout, si le jeûne secoue notre cendre pour laisser luire la braise,  l’aumône elle, tout en nous reliant au prochain, se veut les matériaux de construction pour notre sainteté. Et, ne remettons surtout pas à demain ce que nous pouvons faire aujourd'hui !

           En somme, nous sommes invités à un changement de vie dans le sens mélioratif. Raison pour laquelle la première et la deuxième lecture nous commandent de « revenir au Seigneur de tout notre cœur » pour accueillir sa miséricorde et bénéficier des grâces insondables de ce temps. Ce temps de grâce nous appelle donc concrètement, d’une part à nous convertir en recourant aux sacrements, principalement celui de réconciliation, à lutter contre nos vices ; d’autre part, il nous commande d’opérer une ascension spirituelle par des exercices spirituels, la méditation de Parole de Dieu et la charité fraternelle. Le Christ lui-même dans l’Evangile nous montre la bonne manière de profiter efficacement de ces trois moyens : l’humilité, la discrétion. « Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette ; que même ta main gauche ignore ce que fait la main droite ». « Ne priez pas pour vous montrer aux hommes, mais priez dans le secret pour une récompense divine ». Alors seulement, votre prière sera un soufflet pour notre foi, votre jeûne sera le combustible de votre espérance et votre aumône portera à son terme votre communion à Dieu et aux frères et sœurs. Puissions-nous, dans les mains de Dieu, devenir pour nous-mêmes et pour le monde entier, source de joie spirituelle et gage de salut !

           Que Dieu soutienne et bénisse nos efforts de conversion ! Que les grâces de cette Eucharistie nous rendent attentifs à une charité inventive et au bien sans relache !

César GUIGUEMDE

Diacre

Publié dans Homélies

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